« L'une des grandes leçons à tirer des cinq derniers siècles en Europe et en Amérique est la suivante : les crises sévères contribuent à renforcer le pouvoir de l'État. Cela a toujours été le cas et il n'y a pas de raison que ce soit différent avec la pandémie de COVID-19. » ("COVID-19 - La Grande Réinitialisation" § 1.3.3).

Certains ont cru voir dans la "Grande Réinitialisation" la fondation d'un "Nouvel Ordre Mondial" qui ne serait plus le résultat d'une "mondialisation heureuse" mais le champ de bataille d'une nouvelle guerre de classes. 

Ce serait le prolongement de la "Stratégie du chaos" dénoncée en 2007 par la  journaliste Naomi Klein selon laquelle, dans un système capitaliste ultra-libéral au mieux, l'Etat est impuissant et, au pire, il devient l'instrument des intérêts privés de la classe dominante.

Du point de vue de Klaus Schwab, en revanche, les crises sévères contribuent à renforcer le pouvoir de l'État aux dépens du pouvoir des individus mais surtout des organisations internationales.

On constate alors l'émergence, au sein de l'Etat,  de courants nationalistes et isolationnistes incarnés par des leaders politiques qualifiés de "populistes",  avec plusieurs conséquences:

  • un renforcement des Etats-nation qui privilégient le bilatéralisme
  • un déclin du multilatéralisme
  • un affaiblissement du concept de "gouvernance" mondiale, un "processus de coopération entre des acteurs transnationaux visant à apporter des réponses collectives aux problèmes mondiaux"

Le Professeur Schwab s'oppose à l'approche bilatérale des relations entre Etats qui ne peut conduire qu'à l'affrontement armé de blocs ayant des intérêts opposés. Il n'y a pas d'arbitres et de modérateurs dans un rapport bilatéral. C'est pour cela qu'il juge dangereuse la relation entre la Chine, en pleine expansion, et les USA qui semblent avoir perdu leur rôle de leader et ne se maintiennent que par la force militaire.

Schwab nous montre que l'avion n'a plus de pilote et préconise un retour au multilatéralisme.