L'opportunité de garantir à chaque citoyen majeur un revenu "de survie" indépendamment du fait qu'il ait ou pas un emploi rémunéré, est une question abordée avec prudence par Klaus Schwab.

Il en parle brièvement dans "Stakeholder Capitalism" lorsqu'il présente parmi les "stakeholders" les associations protectrices des droits des consommateurs ("Stakeholder Capitalism" p. 239) et en particulier "Humanity Forward", un groupement qui réclame depuis longtemps un "revenu de base universel" ("Universal Basic Income").

Le Professeur Schwab s'est montré optimiste quant au revenu de base inconditionnel dans une interview accordée en janvier 2017 au quotidien allemand Hamburger Abendblatt. M. Schwab y a qualifié l'idée de "fondamentalement plausible" et a prédit que le débat à son sujet se développerait au cours de la prochaine décennie sans pour autant prendre position. (https://basicincome.org/news/category/news/page/142/)

On trouvera une position plus tranchée dans un article publié le 17 avril 2020 sur le site internet du World Economic Forum par Madame Kanni Wignaraja, Directrice du Bureau Régional du Programme des Nations Unies pour le développement Asie et Pacifique, et Monsieur Balazs Horvath, Economiste en Chef du Programme des Nations Unies pour le Développement, qui n'hésitent pas à proclamer :

"Il est temps d'ajouter un nouvel élément aux trains de mesures que les gouvernements mettent en place, un élément que nous connaissons mais qui a été abandonné : Le revenu de base universel."

Le Professeur Schwab écrit que ce type de réforme n'est pas à ses yeux une "panacée"mais il semble considérer que le revenu inconditionnel garanti se situe dans le prolongement des exigences d'équité qui accompagnent le "Great Reset". Selon lui "la question mérite néanmoins d'être considérée et débattue" dans la mesure où ...

  • le "capitalisme des parties prenantes" exige que chaque individu puisse bénéficier des mêmes opportunités et
  • l'un des effets néfastes de la Quatrième révolution industrielle, est un dérèglement du marché du travail qui durera plusieurs dizaines d'années.

On atteint ainsi, semble-t-il, la limite de l'engagement social du "Great Reset": Klaus Schwab semble reconnaître que les inégalités qu'une réforme de fond du capitalisme pourrait accentuer, exigent que les pouvoirs publics instituent des "filets de sécurité" mais il lui est difficile de se prononcer en faveur d'un revenu inconditionnel et universel.

Le "Universal Basic Income" ne sera pas une simple extension de l'Etat social tel que nous le connaissons destinée à protéger les citoyens les plus vulnérables.  Ce sera la totalité de la population de la planète qui se trouvera ainsi mise sous la tutelle financière des Etats.

A ce point, il est légitime de se demander pourquoi une telle protection pourrait s'avérer nécéssaire et si le "Great Reset" ne jettera pas une écrasante majorité des peuples dans la misère. Il n'est pas nécéssaire d'être un "conspirationniste" acharné pour être effrayé par une telle perspective.